Dans La Barbe Bleue, je me réapproprie la narration du conte de Charles Perrault à travers un geste plastique où le papier devient le lieu même du récit.
Le découpage agit ici comme une écriture silencieuse, une forme de calligraphie lumineuse où chaque vide, chaque transparence, chaque ombre raconte ce qui ne peut être dit.
Le récit ne se lit plus seulement avec les yeux. Il s’éclaire, se découvre, se devine.
Le spectateur, muni de la lampe de son téléphone, devient le montreur d'histoire. Sa main guide la lumière le long du leporello, faisant naître peu à peu les silhouettes, les portes, les fragments du mystère.
Par ce geste simple (éclairer, déplacer, explorer), le conte s’anime. Les ombres projetées sur le mur se mettent à vivre, comme les pages d’un livre que l’on tourne lentement. Ce dispositif transforme le rapport à la lecture : l’histoire n’est plus offerte d’un seul bloc, mais déployée dans le temps et dans le geste.
L’œuvre se situe à la frontière entre le livre et le théâtre d’ombres : un espace suspendu, où la lumière devient le moteur du récit et où l’imaginaire du spectateur complète ce que la matière ne montre pas.
Ainsi, La Barbe Bleue n’est pas tant une réécriture du conte qu’une expérience de regard.