À propos
Je travaille le papier comme une matière vivante, un espace de passage entre la lumière et l’ombre, entre le visible et le suggéré.
Ce matériau, à la fois fragile et puissant, m’accompagne comme un langage à part entière : il respire, se plie, s’éclaire, se transforme. Il est le support et le sujet de mon travail.
Mon geste s’enracine dans le récit et la mémoire. Chaque œuvre est une tentative de raconter autrement, d’inviter le regardeur dans une expérience intime, où l’histoire se déploie à travers la matière plutôt que par les mots.
Je m’intéresse à la manière dont la lumière peut devenir un outil de narration, comment un pli, une découpe ou une ombre peuvent porter le récit, le faire naître ou le dissoudre.
Mes créations prennent souvent la forme de livres d’artistes, de sculptures lumineuses ou de théâtres de papier :
Dans Le Petit Chaperon Rouge, le livre devient une forêt fragile, un espace de lecture physique où chaque texture suggère la tension du conte.
Avec La Barbe Bleue, la lumière du spectateur devient la clé de l’histoire : c’est sa main, munie d’une lampe, qui révèle ou dissimule les silhouettes du récit.
Dans Le Merveilleux Chapeau, inspiré d’Alice au Pays des Merveilles, le papier se déploie en un théâtre miniature où l’imaginaire se matérialise dans l’ombre.
Et dans Le Rossignol de l’Empereur ou Le Corbeau, la lumière, le son et la narration se mêlent pour créer des expériences immersives, où l’on ne regarde plus seulement une œuvre : on y entre.
Ce rapport entre l’objet et l’expérience, entre l’œuvre et celui qui la découvre, est au cœur de ma recherche.
Je cherche à rendre le spectateur actif, à lui offrir la possibilité de manipuler, d’éclairer, d’explorer. Ses gestes deviennent une part du récit.
Le papier, dans ce dialogue, agit comme une membrane sensible : il garde la trace de la lumière, il filtre les émotions, il transforme la perception du réel.
Ma démarche se situe à la croisée de l’art du livre, de l’installation et du théâtre d’ombre. Elle s’inspire autant de la littérature que du cinéma d’animation artisanal, de la poésie que de la sculpture.
Chaque projet naît d’une rencontre entre une histoire et une matière. J’aime que le papier, simple et quotidien, devienne terrain d’expérimentation et d’émerveillement.
Je cherche à faire du visible un lieu de passage — entre le tangible et le rêve, entre la lumière qui révèle et l’ombre qui protège.
Mon travail pourrait se résumer ainsi : raconter avec la lumière ce que les mots taisent.
Créer des espaces à la fois délicats et puissants, où le papier devient mémoire, voix et présence.
C’est une pratique patiente, attentive, où chaque découpe est un souffle, chaque pli une respiration.
Mathilde Voute